- ANGLAISE (LANGUE)
- ANGLAISE (LANGUE)L’anglais est une langue germanique qui, par sa structure, appartient à la catégorie des langues indo-européennes. Il est étroitement apparenté au frison, au hollandais, au bas allemand qui, avec le haut allemand, constituent le groupe occidental des langues germaniques.Importé dans les îles Britanniques dès le Ve siècle par les envahisseurs venus du continent, l’anglais remplace peu à peu les langues celtiques indigènes. Cependant, le gallois d’aujourd’hui n’a rien perdu de sa vigueur; l’irlandais et le gaélique n’ont pas encore été complètement supplantés.Les manuscrits remontant à l’époque vieil-anglaise – elle s’achève au XIe siècle par la conquête normande – attestent l’existence de trois types de dialectes anglais: le saxon occidental au sud, l’anglien (northumbrien au nord, et mercien au centre) et le kentien au sud-est. Le saxon occidental devient la langue littéraire de l’Angleterre au IXe siècle. Depuis, lorsqu’on parle de vieil anglais sans autre qualification, il faut entendre le saxon occidental.La conquête normande aboutit au remplacement du saxon occidental par le français en tant que langue officielle et littéraire de l’Angleterre et de l’Écosse. Cependant, les dialectes régionaux anglais continuent à être utilisés, non seulement par les gens du commun, mais aussi par la petite noblesse, qui ne recourt au français que dans l’exercice de ses fonctions officielles. Pendant trois siècles (1100-1400), d’un bilinguisme qui correspondait à une structure sociale hiérarchisée, un grand nombre de mots français s’introduisent dans la langue anglaise.L’écriture de l’anglais, qui n’avait jamais été complètement abandonnée, regagne de l’importance d’abord dans l’Ouest (vers 1200), puis dans le Nord, enfin dans la région de Londres, siège de l’aristocratie anglo-française. Durant cette période de transition, chaque région possède son propre dialecte littéraire. Ce n’est qu’au milieu du XIVe siècle que l’anglais littéraire de type londonien – dont le meilleur exemple se trouve chez Chaucer – prend figure de nouveau type linguistique national. Un siècle plus tard, vers 1475, l’introduction de l’imprimerie stabilise ce type de moyen anglais qui, pour une grande part, a fourni les bases de l’anglais moderne.Dans son système grammatical, dans son système phonétique et, dans une moindre mesure, dans son vocabulaire, l’anglais parvient à son stade presque définitif avant l’établissement des Anglais dans les colonies d’Amérique du Nord (après 1600) et dans d’autres contrées. Aussi, les variétés régionales de l’anglais d’Amérique sont-elles toutes à peu près similaires à l’anglais de Grande-Bretagne, quant à la structure phonétique et grammaticale.L’immigration continue, les contacts étroits entretenus, surtout avant la guerre d’Indépendance (1776), avec la Grande-Bretagne dans les ports de la côte atlantique ont déterminé quelques modifications phonologiques de l’anglais britannique type. Toutefois, les liens culturels étroits entre la Grande-Bretagne et l’Amérique du Nord, renforcés par un langage littéraire commun, limitent les différences de vocabulaire.Ce qui est vrai pour l’anglais d’Amérique du Nord s’applique à un degré plus large à l’anglais des Indes, de l’Australie et de l’Afrique du Sud, où l’influence et les établissements anglais sont plus tardifs.L’anglais est, au début des années 1990, parlé par près de 400 millions de personnes, dont plus de 200 millions vivent en Amérique du Nord et quelque 60 millions dans les îles Britanniques. C’est la langue maternelle de 15 millions d’hommes en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, et la seconde langue de millions d’habitants des Indes et du Japon. De plus, l’anglais, devenu langue de diffusion de l’information scientifique et technologique, est pratiqué à ce titre dans toutes les parties du monde.1. Le vocabulaireDans leurs contacts à travers les âges avec des peuples variés, les usagers de l’anglais ont généreusement accueilli les apports étrangers de vocabulaire; participant aux mouvements culturels qui ont traversé l’Europe occidentale, ils ont adopté de nombreuses expressions empruntées au latin, qui, historiquement, a été la grande langue de culture jusqu’à l’époque moderne.La base anglaiseCe remarquable accueil fait aux mots issus d’autres langues peut donner l’impression que le vocabulaire anglais a été submergé par les idiotismes étrangers. Il n’en est rien: le vocabulaire de base est resté fondamentalement anglais. Si l’on en juge par la langue contemporaine utilisée dans la conversation, par les romans et, plus spécialement, par la poésie, les mots d’emprunt représentent environ 25 p. 100 du vocabulaire d’origine anglaise (tabl. 1).Par la simple énumération de noms, verbes, adjectifs, adverbes et pronoms d’emploi fréquent, on peut se faire une idée de la prédominance, dans les conversations familières, des mots d’origine anglaise.Les apports étrangersLes mots étrangers employés couramment en anglais moderne reflètent les contacts auxquels les usagers de l’anglais ont été exposés au cours de leur histoire.Avant que les Anglo-Saxons envahissent les îles Britanniques, ils avaient déjà emprunté aux Romains des mots latins tels que mile , street , wall ; butter , cheese , dish , kitchen ; bishop , Satur(day). Dans les îles Britanniques, des éléments latins se rencontraient dans des noms de lieux tels que (Lan)caster , (Win)chester , (New)port , (Watling) street , (Nor)wich , qui furent adoptés. Depuis le VIIe siècle, le christianisme et l’Écriture sainte ont enrichi l’anglais d’un grand nombre de mots latins, non seulement de termes directement associés aux institutions et aux enseignements de l’Église tels que alms , altar , angel , creed , hymn , idol , mass , offer , priest , gloss , mais bien d’autres, dont camel , cancer , circle , fennel , laurel , lily , paralysis , pear , place , purple , silk , tiger. Lorsque des ouvrages érudits furent traduits du latin en anglais à partir du XIVe siècle, des centaines d’expressions techniques ou savantes furent adoptées par l’anglais, comme custody , distract , history , incredible , legal , necessary , picture , promote , reject , scrutiny , submit. Actuellement, le monde occidental utilise d’innombrables termes scientifiques marqués par leur origine grecque ou latine: ils ont trouvé droit de cité dans la langue anglaise.Tandis que l’adoption de termes latins reflète un premier contact linguistique avec les institutions et les mouvements culturels européens, des mots d’origine scandinave et française furent introduits lors des longues périodes de bilinguisme que connurent toutes les régions d’Angleterre et d’Écosse. Les Nordiques – principalement les Danois – envahirent l’Angleterre de l’Est et l’Écosse à partir de l’an 800 environ; ils y installèrent des établissements permanents, dans lesquels les langues nordiques furent parlées conjointement à l’anglais pendant deux ou trois siècles. Quelque neuf cents mots d’origine scandinave se glissent ainsi pendant cette période dans la langue anglaise, à la faveur des échanges de la vie quotidienne. La plupart de ces mots sont d’origine «domestique», comme egg , fellow , leg , root , skin , window et call , die , kindle , raise , take , thrive.La conquête normande de l’Île en 1066, qui suivit de peu l’adoption de la langue anglaise par les envahisseurs nordiques, amorça trois siècles de bilinguisme. Le franco-normand (ainsi que, plus tard, le français du Centre), langue de la classe dirigeante et de la haute société, fut largement adopté par la «gentry». Avec la montée de la classe moyenne, au XIVe siècle, la balance pencha à nouveau et l’anglais redevint la langue nationale de l’Angleterre. Parmi plusieurs milliers de mots français qui avaient pris place dans la langue anglaise, on trouve des termes «culturels» tels court , crown , govern , parliament , reign , treaty ; abbey , dean , friar , saint ; faith , merry , prayer ; felon , judge , jury , plea , suit ; battle , enemy , peace , soldier ; falcon , forest , kennel , stallion ; art , beauty , grammar , story ; beef , boil , dinner , fry , spice. On ne peut donner de motivation socio-culturelle particulière à la multitude des mots français «de tous les jours» qui ont définitivement pris place dans la langue anglaise. Leur adoption vient sans doute, lors du passage du français à l’anglais, des rapports étroits noués entre les usagers des deux langues, au moment où les Français jouissaient encore d’un statut de supériorité. On pourrait citer ainsi flower , grain , grief , joy , people , river , use ; able , calm , clear , sturdy ; carry , change , join , move , pay , praise.La colonisation de l’Amérique du Nord et de l’Australie, la fondation de centres de commerce et l’installation du pouvoir politique aux Indes et en Afrique mirent les Anglais en contact avec un grand nombre de peuples ainsi qu’avec leurs milieux, leurs cultures et leurs langues. Ces contacts conduisirent à l’adoption d’un grand nombre de mots issus de diverses langues. Ainsi, en Amérique du Nord, des mots tels que moose , raccoon , squash , squaw , wigwam ont été empruntés aux Amérindiens; pot , stoop sont dus au hollandais de la vallée de l’Hudson; portage , prairie viennent du français de la région des Grands Lacs, tandis que ranch , corral , lasso , stampede sont issus de l’espagnol du Sud-Ouest.2. Types de phrasesL’exposé, l’interrogation proprement dite ou totale, l’interrogation partielle, la prière ou l’ordre ont les caractéristiques suivantes:a ) Dans l’exposé, le groupe sujet précède en règle générale le groupe prédicatif: All children like toys. We don’t know him. Pour marquer l’insistance ou l’emphase, on peut user de l’inversion: Súddenly it disappeared. Hím they admired.b) Dans l’interrogation totale, c’est-à-dire celle qui appelle l’affirmation ou la négation d’une proposition, le verbe auxiliaire précède le sujet: Do you like it? Can’t you understand me? À l’exception de be , de have et des verbes modaux, les verbes sont utilisés à l’infinitif dans l’interrogation totale.c ) L’interrogation partielle (qui porte spécialement sur un terme de la proposition) débute par un pronom ou un adverbe interrogatif: Who is he? Whom did you see? Where were you? Why don’t you help me? À moins que le pronom interrogatif ne soit le sujet de la phrase, l’auxiliaire du verbe précède le sujet et le reste le suit, comme ces exemples l’ont indiqué.d ) Dans la phrase exprimant une prière ou un ordre, il n’y a pas de sujet. C’est par le verbe que commence la proposition: Open the window. Don’t forget it. La demande positive n’exige que le verbe simple, tandis que dans la demande négative le do est obligatoire.La fin de la proposition est indiquée par le changement de ton de la voix qui s’élève ou descend, sur la dernière syllabe accentuée. Dans la question générale la voix monte: Is it 樂 true? Can you 樂 sée it? Dans tous les autres types de phrase, la voix baisse avant la pause: He shook his 醴 héad. What do you 醴 thínk of it? Don’t 醴 wórry.3. Classes de motsLes classes de mots ou les parties du discours ont en anglais des caractéristiques syntaxiques, de flexion ou de dérivation, et sont par conséquent définissables à partir de ces notions. Ces démarches linguistiques ne seront qu’évoquées ici.Le nomLe nom, élément dominant du groupe sujet, subit la flexion du nombre. Il présente une forme vestige du génitif (cas possessif). Au titre d’élément majeur du groupe sujet, il s’accorde en nombre avec le verbe, élément principal du groupe prédicatif. Le nom est ordinairement précédé des mots qui le qualifient, soit qu’il ait fonction de sujet de la phrase, soit qu’il ait celle d’objet d’un verbe. Exemple: A good citizen [Good citizens ] respects [respect ] all reasonable laws.Certains noms sont également caractérisés par des suffixes de dérivation distinctifs, tels que: feel ing, dark ness, friend ship, ainsi que serv ant, serv ice, reali ty, magni tude, jealous y.Les formes du nom diffèrent au singulier et au pluriel. Le morphème de base sans flexion est le propre du singulier dans toutes les constructions syntaxiques. À quelques exceptions près, les formes du pluriel consistent en la base du nom suivie d’un morphème flexionnel qui varie selon le phonème final de la base: l’allomorphe -s apparaît après la plupart des consonnes sourdes, comme dans loops , boots , books , staffs ; l’allomorphe -z , après la plupart des consonnes et des vocaliques sonores, comme dans roads , wives , bones , doors , bees ; l’allomorphe - face=F3210 易z , après s , z , š , face="EU Caron" カ , face="EU Caron" ギ , comme dans glasses , houses , fishes , beaches , judges. Dans la plupart des noms qui forment leur pluriel de cette manière, le morphème de base est invariable, mais certains d’entre eux, qui se terminent par des f ou s sourds au singulier, ont des variantes sonores v ou z au pluriel, comme wives (wife ), houses (house ).Un petit nombre de noms du langage courant conservent d’anciennes formes de pluriel, tels oxen (ox ), children (child ), feet (foot ), mice (mouse ), men (man ), women (woman ). Quelques rares pluriels sans flexion subsistent, par exemple: deer , sheep. Ces formes vestiges donnent la mesure de l’extension victorieuse du pluriel en -s depuis l’époque du vieil anglais et du moyen anglais.Les désinences casuelles du vieil anglais ont complètement disparu du pluriel des noms. Au singulier, une forme génitive distincte a survécu en position attributive, comme dans child’s play , man’s destiny , a stone’s throw. Réservé auparavant à certaines classes de noms, ce morphème flexionnel – variant selon sa position en -s , -z ou - face=F3210 易z – s’est étendu à tous les noms. Une convention orthographique récente marque ce morphème flexionnel génitif d’une apostrophe: the boy’s dog , the judge’s robe , a boys’ school , the Joneses’ house.Les désinences casuelles du vieil anglais ont été remplacées en partie par des formes prépositionnelles. Exemple: in the home of my friend (à côté de: my friend’s home ). Pour une bonne part, les fonctions des anciennes désinences casuelles ont été abandonnées ou remplacées par un ordre de mots différents: I gave the book to my friend (à côté de: I gave my friend a book ).Le verbeLe verbe constitue l’élément dominant du groupe prédicatif. Il s’infléchit selon l’aspect, le temps, le mode de l’action; selon la voix; selon la personne et le nombre du sujet de la phrase. Il est suivi par les mots qui le modifient.Certains verbes ont des suffixes distinctifs de dérivation, ainsi dark en, horri fy, real ise. D’autres ont des préfixes caractéristiques non accentués, comme: befríend , forgíve , foretéll , misjúdge , undertáke , outgrów , overdó , untíe , uphóld , withdráw. De nombreux verbes d’origine étrangère ont un type d’accentuation analogue, qui les différencie des noms substantifs correspondants: condúct (verbe), cónduct (nom); de même: digést , dígest ; extráct , éxtract ; objéct , óbject ; progréss , prógress ; recórd , récord ; survéy , súrvey.1. Temps de l’action. Le passé est formé par l’addition d’un suffixe à la forme du présent, ou par une alternance vocalique du morphème de base, ou par ces deux moyens conjugués, comme le montrent les exemples suivants: live - lived , hate - hated , jump - jumped ; ride - rode , sing - sang , take - took ; sell - sold , keep - kept , buy - bought.2. Aspect de l’action.– Conçue comme continue ou progressive, l’action s’exprime par une phrase composée du verbe to be et du participe en -ing : he was sleeping ;– L’action per se et l’action momentanée sont exprimées par le verbe simple: He reads (read) many books ;– Le parfait exprime l’action achevée, il se compose de to have et du participe en -ed .3. Manière de concevoir l’action , soit effective, soit possible ou souhaitée.– Assertive (indicatif): If I meet him, I’ll tell him everything ;– Potentielle (subjonctif): If I should meet him, I would tell him everything ;– Optative (subjonctif): I wish I could help you.4. Voix ou point de vue. L’action est décrite comme étant subie par un sujet et accomplie par un agent (point de vue passif), ou comme visant un but (point de vue actif).– Voix active: John caught the ball. We saw the comet.– Voix passive: The thief was caught by the police. The comet was seen by many.5. La personne. Au présent de l’indicatif, et seulement à ce temps, la troisième personne du singulier a un morphème flexionnel -z , - face=F3210 易z ou -s , variant avec le phonème final du morphème de base: sings , blushes , thinks . Les verbes modaux can , may , must , shall , will ne possèdent pas cette particularité.6. Le nombre. À la troisième personne du présent de l’indicatif, et seulement dans ce cas, la forme du singulier en -z, - face=F3210 易z ou -s contraste avec la forme pluriel sans flexion: He likes to read , mais: They like to sing .L’adjectifL’adjectif a pour fonction de modifier le nom, qu’il précède généralement (a red book ), ou d’être prédicat dans les phrases à copule (it is red ). Il est infléchi selon le degré de la qualité qu’il détermine (comparatif ou superlatif). Quelques adjectifs sont caractérisés par des suffixes comme: hope ful, fool ish, friend ly, blood y, lov able, terr ible, zeal ous.L’adverbeL’adverbe intervient pour modifier un verbe, un adjectif ou un autre adverbe. Exemples: She complained bitterly. He jumped down. This is vastly superior. It ended very suddenly.Un grand nombre d’adverbes possèdent le suffixe de dérivation spécifique -ly : slow ly, merri ly, jealous ly.Les pronomsLes pronoms de différentes espèces subissent diverses flexions:1. Les pronoms anaphoriques (sauf it ) modifient leurs formes suivant le genre, le cas et le nombre: he - him , she - her , they - them.2. Les pronoms personnels (sauf you ) ont des formes bien distinctes selon la personne, le cas et le nombre: I - me , we - us.3. Les pronoms possessifs présentent différentes formes selon qu’ils ont valeur adjectivale ou pronominale proprement dite: my - mine , your - yours , her - hers , our - ours , their - theirs.4. Les pronoms démonstratifs ont des formes distinctes pour le singulier et le pluriel: this - these , that - those.5. Les pronoms interrogatifs what et which sont invariables, mais who - whom s’infléchit selon le cas.Des mots fonctionnels de différentes sortes, tels que prépositions et conjonctions, ne s’infléchissent pas. Leur fonction n’est pleinement définissable qu’en termes syntaxiques.4. Le système phonologiqueLes consonnesL’anglais possède des consonnes occlusives (ou momentanées) et fricatives (ou continues), sourdes (comme p ou f ) ou sonores (comme b ou v ), et des consonnes résonnantes sonores (nasales, latérales et semi-voyelles). Toutes ces consonnes se trouvent en position d’initiales de mots, à l’exception de la fricative sonore face="EU Caron" ゼ dans measure , de la nasale vélaire face=F3210 燐 dans sing , et de la semi-voyelle face=F3210 易 qui suit la voyelle dans beard , poor , dans les variétés d’anglais qui manquent d’un r postvocalique.Le tableau 2 donne les exemples de toutes les consonnes qui apparaissent en position d’initiale de mot.Les changements historiques majeurs du système des consonnes en anglais sont les suivants:– la confusion des consonnes longues du vieil anglais avec les consonnes simples correspondantes;– l’apparition de fricatives sonores et sourdes dès le début du moyen anglais.On peut citer d’autres changements:– le développement de la nasale vélaire face=F3210 燐 à travers l’assimilation de la séquence ng , comme dans: long , sing ;– l’apparition de la fricative sonore face="EU Caron" ゼ venant de zj dans vision , measure , et quelques autres mots empruntés au français;– la simplification de certains groupes de consonnes comme dans know , gnaw , lamb , long , listen , castel , talk , folk.Tous ces changements sont indigènes. Toutefois, l’extension de v , z et face="EU Caron" ギ à la position d’initiale de mot, comme dans veal , zeal , join et dans nombre d’autres mots provenant du français, est sans nul doute un apport étranger à la phonologie anglaise.Les phonèmes vocaliques. Monophtongues et diphtonguesLe système des voyelles est composé d’un ensemble de phonèmes entravés (syllabe fermée, du type bed ), d’un ensemble de phonèmes libres (syllabe ouverte, du type go ) et de la voyelle non accentuée e. Les voyelles libres se trouvent en toutes positions – en finales aussi bien que devant des consonnes – alors que les voyelles entravées n’apparaissent qu’en position préconsonantique.L’anglais possède les six voyelles entravées qui figurent dans les exemples suivants: bit , bet , bat , hut , hot , foot , et neuf ou dix voyelles libres représentées dans bee-beat , bay-bait , buy-bite , boy-boil , dans do-boot , no-boat , law-bought , now-out et dans fur-hurt , far-heart. Cette dernière manque si le r est prononcé comme tel, ce qui est le cas dans une grande partie de l’Amérique du Nord.Certaines de ces voyelles se présentent aussi dans des syllabes non accentuées: dans hábit , hóuses , háppy , válue , féllow , obéy.La voyelle non accentuée unique e se trouve dans des mots tels que agó , sófa , búllock.Le caractère phonique de certaines voyelles varie considérablement selon les régions et selon les groupes sociaux.C’est ainsi que les voyelles entravées, très généralement monophtongues dans l’anglais type de Grande-Bretagne et dans celui de la plus grande partie des États-Unis, ont souvent tendance à diphtonguer dans le sud des États-Unis, comme dans bed , sun, pull.Les voyelles libres dans day , know sont nettement diphtongues en anglais type de Grande-Bretagne et généralement en Amérique du Nord, mais monophtongues dans certaines régions des États-Unis. Les voyelles libres à diphtongue de buy , bite et now , out ont toutes une série de variantes selon les régions et les classes sociales; et le phonème vocalique de fur , learn varie davantage encore. Cependant, du fait que l’anglais britannique et les différentes variétés de l’anglais américain ont pour la plus grande part le même système de voyelles, de telles différences phoniques non fonctionnelles, aussi frappantes qu’elles puissent être, n’influent pas sérieusement sur la communication, du moins entre gens cultivés.L’histoire du système des phonèmes vocaliques de l’anglais est si compliquée qu’on peut tout juste y faire allusion ici. En passant du vieil anglais au moyen anglais, les vieilles diphtongues sont devenues monophtongues, les voyelles brèves en syllabe ouverte ont été allongées et les voyelles longues abrégées devant les groupes de consonnes.L’opposition phonologique de quantité entre voyelles, préservée dans le moyen anglais, a été éliminée au cours du passage à l’anglais moderne.Les anciennes voyelles brèves du moyen anglais ont produit les voyelles entravées; les anciennes voyelles longues, par fusion partielle avec des diphtongues, se sont transformées en voyelles libres.5. L’anglais américainL’anglais utilisé en Amérique du Nord résulte des grands brassages dialectaux qui se sont produits aux premiers temps de la colonisation anglophone et principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’à ce que la révolution américaine tarisse l’immigration anglaise.Origines des particularismesLes premiers Britanniques venaient d’horizons géographiques et sociaux très variés. Ils se regroupaient par affinités ou par nécessité, et de ce fait est née une redistribution des dialectes de prestige. L’anglais cultivé de Londres et du sud-est de l’Angleterre, base de l’anglais standard actuel, ne dominait guère que sur la côte de la Nouvelle-Angleterre et en certains points des colonies du Sud. Si l’appareil colonisateur du Royaume a permis de maintenir l’unité de la langue et de lui faire suivre l’essentiel des changements survenus en métropole, la différenciation dialectale a commencé de bonne heure dans l’Est américain. Des accents locaux jugés en Europe provinciaux ou rustiques se sont imposés dans les élites coloniales et, par osmose, dans la population. De nombreux centres urbains ont servi de modèles à l’arrière-pays, si bien que, aujourd’hui encore, il n’y a pas de norme unique de prononciation pour l’Américain cultivé.Les spécialistes distinguent au moins six grandes zones différant par les vocables et la phonologie: la Nouvelle-Angleterre côtière, l’agglomération new-yorkaise, les monts Appalaches (la Virginie-Occidentale et les hauteurs du Sud atlantique), le Sud côtier, le Nord (l’État de New York et la région des Grands Lacs) et enfin le Midland (la Pennsylvanie et ses environs); ces deux dernières ont fortement essaimé vers l’ouest, où leur mélange a créé un parler relativement homogène, ce qui n’est pas le cas dans l’est du pays.Le déplacement vers le Pacifique du centre de la population et la croissance des villes de l’intérieur ne font que renforcer cette variété mixte de la langue. Mais chaque région reste jalouse de son particularisme. Malgré la standardisation des produits et des mœurs, et l’emprise accrue de l’administration fédérale et des chaînes nationales de médias, la diversité reste la règle, même si elle ne peut se comparer à celle du Royaume-Uni.À l’époque de la Révolution, des regroupements dialectaux s’étaient opérés dans les treize colonies et les voyageurs étrangers notaient déjà avec amusement ou indignation les «provincialismes» et les «barbarismes» des habitants. Les différences se sont affirmées et perpétuées par suite de la difficulté des communications et de l’éloignement politique et culturel de l’Angleterre. Dans le même temps, l’américanité propre de la langue était revendiquée face à l’anglais de l’ancienne métropole. La tradition orale ayant peu de poids, la nouvelle nation tendait à s’appuyer sur l’autorité de l’écrit (d’où des prononciations syllabiques ou livresques), notamment après que le grammairien et lexicographe Noah Webster (1753-1848) eut publié son abécédaire et ses divers dictionnaires «américains» (1806, 1828 et 1841). Webster, yankee patriote et anti-élitiste, a fortement contribué à fixer l’usage national en matière sémantique et orthographique. Par ailleurs, il n’existe aux États-Unis aucune autorité ou académie chargée de légiférer sur le «bon usage»; la pratique cultivée et, plus encore, la pratique populaire restent souples, voire labiles, et très tolérantes envers la variété et le changement linguistiques. La cohésion nationale est maintenue grâce à la mobilité géographique et sociale, à une certaine méfiance devant les langues étrangères, et à une créativité lexicale qui épouse étroitement l’innovation technologique et sociale.Les nombreux colons originaires du nord et de l’ouest de l’Angleterre, ainsi que d’Écosse et d’Irlande, ont contribué à amoindrir l’influence de la langue de prestige britannique (anglais dit «du Roi»). Ce fait, auquel il faut ajouter l’éloignement, le patriotisme, la volonté d’égalitarisme et le rôle des minorités étrangères, peut expliquer certaines caractéristiques de l’américain du nord et de l’ouest: intonation plate, nasillement, R rétroflexe postvocalique marqué, survivance d’archaïsmes et de provincialismes.VocabulaireLes non-anglophones ont laissé leur trace dans les emprunts lexicaux, mais bien moins qu’on ne pourrait croire. Un américanisme sur six seulement est un mot étranger ou son adaptation. Les langues concernées sont, par ordre décroissant d’importance numérique: le grec et le latin (formations savantes: cybernetics , per diem , antibiotic ); le français (levee , portage , lacrosse ); l’espagnol (canyon , mustang , lasso ); le hollandais (cole slaw , dope , Santa Claus ); les langues indiennes de la côte est (muskrat , raccoon , tomahawk ); l’allemand (bum , hamburger , sauerkraut ). Les autres langues sont moins bien représentées: suédois (ombudsman ), yiddish (schmaltz ), langues africaines occidentales (banjo ), italien (boloney ), chinois (chop-suey ), japonais (kamikaze ), et une douzaine d’autres langues correspondant à des minorités plus réduites.Si l’on met à part les mots d’origine douteuse, ceux qui sont dérivés de noms propres, et les créations pures et simples, on constate que trois termes américains sur quatre viennent de l’anglais, par changement de sens ou de forme; le mot composé est fréquent, et la dérivation et l’affixation jouent un rôle important dans la néologie américaine. Les «américanismes» (vocables ou tournures nés sur le sol américain ou y ayant cours plus qu’ailleurs) sont donc essentiellement issus de la langue anglaise. Leur nombre est considérable et ne cesse de s’accroître, en partie par désir d’ouverture à la nouveauté et par recherche concurrentielle de l’expressivité. Abréviations, hyperboles, métaphores y sont de règle. L’une au moins de ses créations (O.K. ) s’est imposée sur une bonne partie de la planète.Anglais et américainLa différenciation entre ces deux formes de la langue a culminé aux alentours de 1890-1920, après que la conquête de l’Ouest eut démocratisé la tradition et que les États-Unis eurent commencé à distancer les pays industrialisés et à se lancer dans des guerres étrangères. En 1919, H. L. Mencken croyait pouvoir affirmer que les deux variétés d’anglais divergeraient toujours plus. Les événements lui ont donné tort: elles se sont rapprochées, avec un avantage considérable pour l’américain, grâce aux communications plus faciles, au resserrement des liens entre les deux nations et à l’adoption par la Grande-Bretagne d’une foule d’américanismes.Les deux langues sont loin d’être mutuellement inintelligibles, mais il reste encore beaucoup de différences, apparemment irréductibles. À situation comparable, l’américain est souvent plus familier; outre les exemples lexicaux cités, il présente des habitudes grammaticales propres (gotten pour got au participe passé, subjonctif sans auxiliaire ni inflexion, usage particulier de certains modaux et prépositions, formes verbales archaïques). L’orthographe diffère (labor pour labour , center pour centre , tire pour tyre , plow pour plough ), ainsi que la phonologie. On peut citer dans ce domaine, et sans entrer dans le détail des variétés dialectales, l’usage de /æ/pour / face=F3210 匿:/ dans les mots formés comme half , calves , fast , path , example (A accentué suivi d’une fricative, ou d’une nasale et d’une consonne); l’absence dans 50 p. 100 des cas d’une distinction entre / face=F3210 履/ et / face=F3210 履:/ dans les paires cot/caught , hock/hawk , qui peuvent dans les autres cas être réalisées en / face=F3210 匿/ et / face=F3210 履/ respectivement; la transformation occasionnelle de /ju:/ en /u:/ dans des mots comme new , tune , due , sue , lurid , enthuse ; la sonorisation quasi universelle de /t/ en /d/ intervocalique après l’accent tonique (better ) ou même sa suppression (interim ); la présence chez trois locuteurs sur quatre environ d’un R postvocalique rétroflexe (far , farmer ) selon des frontières géographiques ou sociolinguistiques ; la transformation dans l’Ouest de /æ/ en / 﨎/ dans marry , arrow ; la présence fréquente d’un accent secondaire dans certains polysyllabes; le déplacement de l’accent tonique ou la modification de phonèmes dans nombre de vocables.Les dictionnaires anglais accordent aux américanismes une part de plus en plus large, sans toujours les signaler comme tels, ce qui semble montrer qu’ils sont à présent mieux acceptés en Grande-Bretagne. Les normes britanniques, en revanche, ne font pour ainsi dire jamais autorité aux États-Unis, où elles sont d’ailleurs la plupart du temps inconnues.Questions sociolinguistiquesLa présence en Amérique du Nord d’importantes minorités non anglophones a rendu nécessaire pour la cohésion nationale une américanisation passant par l’enseignement obligatoire de l’anglais. La survivance de langues étrangères demeure en général limitée à la première et à la deuxième générations, ou à des enclaves isolées (Pennsylvania Dutch , dialecte germanique des sectes mennonites; Cajun , ou acadien, patois franco-créole de Louisiane; Gullah , créole anglo-africain du sud côtier). Dans les quartiers ethniques des grandes villes subsistent souvent des groupes parlant le chinois, le polonais, le suédois, l’espagnol, l’italien, l’allemand, le yiddish. Mais rien n’est fait en Amérique pour encourager le pluralisme linguistique, même si les médias s’y intéressent. Les anglophones restent généralement rebelles à l’acquisition d’une langue seconde. Depuis la «Grande Société» de Lyndon Johnson, et surtout après l’arrêt Lau vs Nichols de la Cour suprême (1974), des efforts ont été entrepris pour remédier, par un enseignement temporairement bilingue, aux faiblesses en anglais constatées chez de nombreux écoliers «ethniques». Le problème des Noirs, économiquement et culturellement défavorisés, a pris à la même époque un relief spécial; certains linguistes voyaient dans le Black English (entité d’ailleurs assez mal délimitée) un dialecte sudiste dérivé de l’anglais corrompu des «pauvres Blancs»; d’autres revendiquaient pour lui une origine africaine et créole «respectable» en lui donnant pleinement droit à l’existence. Ce «dialecte noir non standard», lorsqu’il n’est pas la conséquence de la ségrégation et de l’inégalité des chances, est parfois ressenti aujourd’hui comme une affirmation fière de l’identité noire.L’anglais canadienIl diffère assez peu de l’anglais des États-Unis, sans être toutefois identique. Pendant longtemps, la frontière entre les deux nations a été perméable. Les Américains «loyalistes» (antirévolutionnaires) ont les premiers occupé l’est du Canada, suivis par des compatriotes en quête de terres. Ce substrat yankee, avec son enseignement, ses pratiques administratives, ses traditions, a été battu en brèche par une forte immigration britannique au milieu du XIXe siècle. Ces colons de la métropole ont exercé un certain prestige auprès des classes supérieures canadiennes et ont tenté de détrôner l’influence américaine. Actuellement, l’allégeance canadienne est divisée entre les deux pôles d’attraction: la Couronne et le grand voisin nord-américain, avec un avantage très net pour celui-ci, sous la pression de son économie et de ses médias.Malgré une assez grande homogénéité, l’anglais canadien comprend de multiples enclaves archaïsantes (Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse, île du Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Colombie-Britannique). Il se distingue de l’américain et de l’anglais essentiellement par le lexique, où abondent les mots d’emprunt décrivant le pays, ses habitants, le mode de vie. La prononciation et l’orthographe participent des deux variétés d’anglais. Le R postvocalique est le plus souvent présent, ainsi que la sonorisation du T intervocalique, la voyelle / 﨎/ dans marry , arrow , l’homophonie de cot/caught et, au moins localement (Ontario), des diphtongues différentes dans les paires lout /loud , light /lied (/ face=F3210 易u/ face=F3210 匿u/ et / face=F3210 易i/ / face=F3210 匿i/). De récentes études concernant les groupes d’âge tendent à montrer chez les plus jeunes un alignement croissant sur l’usage des États-Unis.
Encyclopédie Universelle. 2012.